Programme de salle // Mellina Boubetra

Cette pièce est une carte blanche qui m’a été confiée par la SACD et le festival d’Avignon dans le cadre de Vive le sujet !, dispositif qui encourage les artistes sollicité.es à créer des oeuvres atypiques d’une durée maximum de 30 minutes. Après réflexion, un sentiment a commencé à se formuler, celui de se construire sur des choses qui échappent. 
Je regarde des films en audio-description. Une option sur la télévision permet d’avoir une voix OFF qui décrit entre les dialogues. Elle se fait yeux pour celles et ceux qui ne voient pas. Elle détaille le décor, les actions, les lumières, les expressions de visages.  
Je sens une autre manière d’être spectatrice. Soit les yeux fermés, j’accepte de faire confiance à la combinaison de cette voix et ma capacité d’imaginer ; soit les yeux ouverts, je vérifie qu’elle dit juste. Je ne suis pas toujours d’accord. Parallèlement, il y a un mouvement qui m’obsède, celui des yeux quand un paysage défile. Les saccades en allé-retour que fait l’oeil quand il essaye de se raccrocher à des éléments fixes. Ces deux points convergent vers l’envie de contacter Julie Compans, danseuse, mais aussi audio-descriptrice en danse pour Accès Culture au Théâtre National de Chaillot depuis trois ans, qui accepte de m’accompagner dans cette nouvelle création.

Le principe de la pièce est simple. Je danse en improvisation, Julie décrit ce qu’elle voit.  
On construit ensemble une expérience qui dépend aussi bien de mes mouvements que des mots qu’elle choisit d’y poser.  
Un des enjeux de cette pièce est la possibilité qu’on laisse au spectateur d’entrevoir l’espace entre les mots et le mouvement. L’épaisseur de l’interprétation.  
J’avais l’envie de faire naître un questionnement sur la manière de regarder, de s’imaginer, de se projeter dans du mouvement. En soit un corps qui danse est aussi bien un nombre précis d’os, de muscles, de distance de neurones en action, que quelque chose de plus sous-jacent, des expériences impalpables qui se meuvent et qui remontent à la surface. Dans cette pièce, on peut décider dans quelle couche on veut le rencontrer. 
NYST est une tentative de faire résonner ce qui échappe et de laisser entendre l’invisible.

Mellina Boubetra

Après des études de Biologie, Mellina décide de poursuivre l'observation du corps à travers la danse et la création. C'est avec cet héritage et l'envie d'analyser de nouveaux terrains de recherche qu'elle monte la compagne ETRA.

Les études en Anthropologie du corps, en Esthétique et Pratique des arts chorégraphiques, la formation de danseuse à EPSE Danse trouvent chez Julie un point de rencontre au croisement du corps et des mots, celui de l'audio-description pour des personnes mal-voyantes et aveugles.

Les créations de Patrick de Oliveira sont une succession de choix minutieux, tous participant à l'élaboration d'univers sonores sur mesure qui accompagnent, le plus souvent et depuis de nombreuses années, des corps qui aiment danser.