Programme de salle // Compagnie Non Nova - Phia ménard
Partie 1 : Maison Mère
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Durée : 1h15 environ
Écriture et mise en scène Phia Ménard, Jean-Luc Beaujault
Scénographie, interprétation Phia Ménard
Composition sonore Ivan Roussel
Costumes et accessoires Fabrice Ilia Leroy
Régie son, en alternance Ivan Roussel, Mateo Provost
Régie plateau Rodolphe Thibaud, David Leblanc, Clarisse Delile
Co-directrice, administratrice et chargée de diffusion Claire Massonnet
Régisseur général Olivier Gicquiaud
Assistante d’administration et de production Constance Winckler
Chargée de communication et assistante de production Justine Lasserrade
Partie 1 : Maison mère
Le projet initial comporte trois performances, Maison Mère, Temple Père et La Rencontre Interdite. Bien que le titre provisoire du projet global soit Les Contes immoraux, il n’y a pas de morale, encore moins de didactisme. Les questions que soulève la proposition de la documenta 14 : « Apprendre d’Athènes », « Pour un parlement des Corps », s’entrechoquent avec les réflexions sur l’identité, le corps, la matière qui sont mes bases de recherche. Imaginer une forme pour ces 2 points de chute que sont Kassel et Athènes, est un exercice de grand écart. La lecture, la recherche, le dialogue, la plongée dans les matières, de manière empirique sont mon processus de création. Mon prisme est une série d’éléments qui oscillent entre gestes politiques, affirmation d’un corps, contradiction des éléments.
[…]
Bâtir sans fondement, faire parler les ruines, convoquer les dieux et déesses, s’apprêter pour des oracles, batailler sur le résultat, enfreindre la patine du marbre, régurgiter la peste brune, que sais-je ?
Kassel / Athènes. Ces endroits ne sont pas les miens. Leurs langues me sont l’une et l’autre sans prise. Pourtant je ne me sens pas étrangère, mais passagère. À l’échelle d’un individu je suis une migrante confortable, du type bourgeoise bohème française. Rien, hormis mon certificat de naissance ne trahit ma migration. Je suis de celles qui se sont autorisées à perdre les pleins pouvoirs pour continuer à vivre. J’ai pris le rôle du faible alors que j’héritais des chromosomes des rois. J’ai choisi d’assumer le rôle de l’opiniâtre qui cherche à faire comprendre la nécessité de repenser le corps comme une matière meuble. Je migre d’un statut vers un autre en demandant des aménagements de peines...
Dans cette nouvelle vie, j’avance au quotidien sur des pierres émergeantes, balançant d’un pas sur l’autre sans être sûre que mes appuis ne me trahissent !
[…]
Bâtir un village « Marshall » en carton sur mesure, comme on monte une série de tentes pour des réfugiés. Ici, juste au-dessous d’un nuage qui ne semble pas si menaçant. Simple geste répété comme un robot. Étaler, tracer, couper, assembler, poser, puis recommencer encore. Tout semble parfait si ce n’est ce nuage qui semble s’épaissir et s’assombrir. Peut-être, un éclair, une légère brise puis enfin une série de grosses gouttes puis une pluie, voire peut-être même des trombes d’eau ! Le village « Marshall » s’effondre malgré l’énergie déployée pour le sauver. C’est une bouillie, mélasse dans laquelle les corps sont noyés…Ce sont les maux jaillissant des peuples dépossédés qui me font écrire, ceux des corps en contradiction entre leur désir de liberté individuelle et de l’affirmation d’une société. Je cherche l’odeur qui les identifie. Je m’imprègne de la sueur du troupeau qui lutte pour rester en vie alors que les bourreaux resserrent l’enclos du pouvoir entre leurs mains ! J’ai comme vous hérité de l’histoire d’une Europe du conflit, le sang est devenu une vapeur mais comme un volcan qui refait ses réserves, un puits se remplit, silencieux. Un nouveau chaos semble se préparer, ou peut-être n’a-t-il jamais cessé de grossir.
Phia Ménard
Née en 1971, Phia Ménard suit des formations de jonglerie, danse contemporaine, en mime et jeu d'acteur. Elle étudie et devient interprète de plusieurs spectacles de Jérôme Thomas de 1994 à 2002. Parallèlement elle suit les enseignements de la pratique du danseur de Hervé Diasnas. Elle fonde la Compagnie Non Nova en 1998 avec pour précepte fondateur, « nous n'inventons rien, nous le voyons différemment » : Non nova, sed nove. La direction est assurée par Phia Ménard et Claire Massonnet. C'est avec le solo Ascenseur, fantasmagorie pour élever les gens et les fardeaux, en 2001, qu'elle se fera connaître comme autrice. Artiste associée à la scène nationale Le Carré à Château-Gontier, elle y développe un travail scénique où l’identité et la virtuosité sont remises en cause. Naissent ainsi plusieurs créations et événements dont Zapptime, rêve éveillé d'un zappeur, et une conférence spectacle, Jongleur pas confondre, avec le sociologue Jean-Michel Guy. À partir de 2005 elle développe la notion « d’injongla- bilité » et crée les pièces Zapptime #Remix, Fresques et sketches 2nd round, Doggy Bag et deux formes cabaret : Jules for ever et Touch It avec le sextet Frasques.
En 2008, elle prend une nouvelle direction avec le projet I.C.E. pour Injonglabilité Complémentaire des Eléments, ayant pour objet l'étude des imaginaires, de la transformation et de la dé-construction. Un projet toujours en cours où la rencontre des corps et des matériaux naturels questionnent les sujets de société, d’identité et de violence. Cette même année, elle ouvre le cycle des Pièces de Glace, avec elle le spectacle P.P.P. aux Nouvelles Subsistances de Lyon.
Elle crée la performance L'après-midi d'un foehn Version 1, première des Pièces du Vent au Muséum d'Histoire Naturelle de Nantes, pour laquelle elle reçoit en 2012 le Prix du Physical theater Fringe D’Édimbourg. En 2009, elle réalise la performance Iceman pour le projet Coyote Pizza du collectif La Valise. En 2010, invitée au 64 Festival d'Avignon pour les « Sujets à Vif » de la SACD, elle crée avec le poète sonore Anne-James Chaton Black Monodie (cycle des Pièces de Glace). En octobre 2011, elle crée L'après- midi d'un foehn et VORTEX (cycle des Pièces du Vent). Elle intervient sur les questions de genre et les humeurs pour In the Mood au CIFAS à Bruxelles avec le philosophe Paul B Preciado. En janvier 2014, elle est promue au grade de Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres. Elle devient artiste associée à l'Espace Malraux Scène Nationale de Chambéry et de la Savoie. L'année suivante, elle devient artiste associée au Théâtre Nouvelle Génération – Centre Dramatique National de Lyon et artiste-compagnon au Centre chorégraphique national de Caen en Normandie. Elle crée au Festival Montpellier Danse 2015 la pièce Belle d’Hier (cycle des Pièces de Glace). En 2017, elle devient artiste associée du Théâtre National de Bretagne de Rennes. Elle est invitée de la documenta 14 à Kassel et y crée Contes Immoraux – Partie 1 : Maison Mère. Elle crée Les Os Noirs (cycle des Pièces du Vent). Elle donne son nom à la 79e promotion de l'ENSATT. En 2018, elle met en scène l’opéra Et in Arcadia Ego avec les Talens Lyriques à l’Opéra Comique puis elle crée Saison Sèche au 72e Festival d’Avignon. En juin 2020, le Syndicat de la critique théâtre, danse et musique décerne à Phia Ménard le prix de la critique dans la catégorie Danse – Performance. En janvier 2021, elle est interprète de A D-N de la chorégraphe Régine Chopinot. La même année elle est invitée du 75e Festival d’Avignon où elle crée La Trilogie des Contes Immoraux (pour Europe). En 2022, elle met en scène l’opéra Les Enfants Terribles de Philip Glass et Jean Cocteau à l'Opéra de Rennes.
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