Programme de salle // Marlene Monteiro Freitas & le Ballet de l'Opéra de Lyon
 
Canine Jaunâtre 3
Du 05 au 08 mars

Durée : 1h30

 
 

 
Distribution

Chorégraphie, costumes et musique Marlene Monteiro Freitas
Assistant chorégraphique Ben Green
Scénographie Yannick Fouassier et Marlene Monteiro Freitas
Interprétation Marie Albert, Kristina Bentz, Edi Blloshmi, Eleonora Campello, Noëllie Conjeaud, Jeshua Costa, Dorothée Delabie, Jade Diouf, Alvaro Dule, Brendan Evans, Tyler Galster, Paul Grégoire, Tom Guilbaut, Jackson Haywood, Mikio Kato, Amanda Lana, Almudena Maldonado, Albert Nikolli, Leoannis Pupo-Guillen, Roylan Ramos, Anna Romanova, Giacomo Todeschi, Kaine Ward
Son Rui Antunes
Lumières Yannick Fouassier

Production – Opéra de Lyon
 
 
Canine Jaunâtre 3

Grandioses, exubérants et grimaçants, les spectacles de Marlene Monteiro Freitas sont souvent qualifiés de « carnavalesques ». Née au Cap-Vert, la chorégraphe n’hésite jamais à rappeler l’influence des processions populaires de son enfance sur son imaginaire et revendique volontiers cet héritage. Elle en a tiré de passionnants principes de création : dérégler l’ordre et les codes du beau et du laid, pulvériser les limites de l’esthétiquement correct, faire cohabiter les contraires et façonner des figures qui racontent moins d’histoires qu’elles n’entrent en résonnance avec des rythmes, des intensités et des énergies.
Canine Jaunâtre 3, créé en 2018 à l’invitation d’Ohad Naharin, directeur de la Bastheva Dance Company, ne déroge pas à la règle : la scène devient un jeu de lego où les danseurs figurines sont sans cesse soumis à des principes et des règles contradictoires. Lors du festival Montpellier danse, Marlene Monteiro Freitas levait ainsi le voile sur ce titre énigmatique : « Dans Canine Jaunâtre, il y a deux idées : quelque chose qui tient de la force et de la beauté puis quelque chose qui tient de la maladie et de la saleté. C’est un titre qui condense pulsion de vie et pulsion de mort, comme une injonction qui n’aboutit ni dans un sens ni dans l’autre. C’est comme un beau sourire avec une dent moche. » 
L’entrée de cette œuvre au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon est l’occasion d’évoquer des dimensions moins commentées de l’œuvre de la chorégraphe formée à P.A.R.T.S (Bruxelles) – l’école de danse contemporaine fondée par Anne Teresa De Keersmaeker – et installée à Lisbonne où elle a fondé la structure de production chorégraphique P.OR.K. Alors qu’elles traversaient en mode mineur ses pièces précédentes – peignoir de boxe et punching-ball dans le solo Guintche (2010), scène aux allures de ring dans d’Ivoire et chair – les statues souffrent aussi (2014) – les références au sport se font ici centrales. Il en va de même des clins d’œil au rituel du concert – fanfare dans Bacchantes, Prélude pour une purge (2017) ; ou encore la reprise du tube d’Arcade Fire « My body is a cage ». Très présentes dans l’imaginaire collectif, ces grand-messes contemporaines offrent à Marlene Monteiro Freitas un inépuisable répertoire de gestes, qu’elle tord à plaisir pour créer quelque chose d’inédit à partir d’images que l’on pensait connaître.   
Le détournement de la course, par cassures de rythmes et fractionnements du mouvement, en est peut-être l’exemple le plus frappant. Convoquer ces univers permet à la chorégraphe de mener une intense réflexion sur le corps, en se servant de la pure dépense d’énergie de la rock star en plein show ou de la performance propre à la compétition sportive, tout en les vidant de leur substance conventionnelle. Sur une bande-son imaginée par Dubi Bell, switchant allégrement entre création originale, monuments de la pop d’Amy Winehouse ou de Nina Simone, et tubes classiques tels que le thème du Lac des Cygnes, les dix-sept interprètes au dossard n°3, virtuoses magnifiques sans intentions ni buts apparents, entraînent l’espèce humaine vers un territoire incertain où les frontières se brouillent entre l’homme, l’animal et la machine.
Aïnhoa Jean-Calmettes, journaliste

 

Marlene Monteiro Freitas

Marlene Monteiro Freitas est danseuse et chorégraphe. Née au Cap-Vert, elle fait des études de danse à Bruxelles et Lisbonne, et travaille entre autres avec Emmanuelle Huynh, Loïc Touzé, Tânia Carvalho, et Boris Charmatz. Elle crée sa propre compagnie au Cap-Vert, Compass, avant de partir travailler à Lisbonne pour P.OR.K, dont elle est cofondatrice, et pour O Espaço do Tempo, dans la municipalité de Montemor-o-Novo. Son travail se caractérise par son accessibilité, son hétérogénéité et sa force, avec des oeuvres telles que Primeira Impressão (2005), A Improbabilidade da Certeza and Larvar (2006), Uns e Outros (2008), A Seriedade do Animal (2009), le solo Guintche (2010), (M)imosa (2011, en collaboration avec Trajal Harell, François Chaignaud et Cecilia Bengolea), Paraíso, colecção privada (2012), et De marfim e carne – as estátuas também sofrem (2014), Jaguar (en collaboration avec Andreas Merk), Bacantes – Prelúdio para uma Purga (2017). En 2017, elle reçoit les honneurs du gouvernement capverdien pour son travail dans le domaine culturel, et, la même année, pour Jaguar, le prix de la meilleure chorégraphie aux Sociedade Portuguesa de Autores awards. En 2018, elle crée Canine Jaunâtre 3 pour la Batsheva Dance Company et reçoit le Lion d’argent de la Biennale de la danse de Venise. Depuis 2020, elle est co-programmatrice du projet (un)commonground sur l’inscription territoriale et artistique du conflit israélo-palestinien ; elle reçoit cette même année le prix du meilleur spectacle international de la Critica d’Arts Escéniques de Barcelone pour Bacantes. En août 2020, elle crée MAL – Embriaguez Divina au théâtre Kampnagel de Hambourg, et en juillet 2021, elle présente Pierrot Lunaire avec Ingo Metzmacher au Festival de Vienne. En 2022 est créé le solo Idiota, une commande du CNAD de Mindelo, au Cap Vert. Il s’agit d’un morceau de dialogue artistique avec Alex Silva (1979-2019). Elle crée également ÔSS pour la compagnie Dançando com a Diferença. Le CHANEL Next Prize lui a récemment été décerné par un jury composé notamment de David Adjaye, Tilda Swinton et Cao Fei. En 2021, elle reçoit le Prix Events pour l’art.
 

Le Ballet de l'Opéra de Lyon

À la suite des directions de Françoise Adret et de Yorgos Loukos, qui ont posé les bases de la riche diversité de styles de cette institution de formation classique, Julie Guibert a placé son mandat sous le signe d’une attention renouvelée aux qualités et à la singularité des interprètes. Fort de cet héritage, Cédric Andrieux, désormais à la tête du Ballet de l’Opéra de Lyon, entend à son tour en faire la maison des grands chorégraphes d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Désireux d’offrir au public, comme aux interprètes de la compagnie, des œuvres dans lesquelles la virtuosité puisse s’exprimer, il défend une programmation en forme de grand écart. Faisant dialoguer les répertoires et les époques, celle-ci a à cœur de rendre vivant les héritages de la post-dance américaine et de la scène française des années 1990, comme de donner corps aux formes les plus expérimentales. Cette programmation élargit le territoire géographico-esthétique de ses explorations, plonge dans les archives du Ballet (plus de 100 pièces) et invite les artistes contemporains à revisiter les classiques. Enfin, et encore, elle imagine des rencontres pluridisciplinaires inédites. La saison 2023–2024 est à cette image, audacieuse : Marcos Morau propose ainsi une relecture éblouissante de La Belle au bois dormant, le maître de l’abstraction Merce Cunningham est célébré avec la reprise de deux pièces fondamentales, Beach Birds et BIPED, les écritures les plus marquantes du XXIe siècle se taillent la part belle, sous la houlette de Marlene Monteiro Freitas et Christos Papadopoulos, les jaillissements du hip-hop s’invitent, grâce à une collaboration avec le Pockemon Crew. Attachée à son territoire mais désireuse de rayonner à l’international, la compagnie transmet avec passion l’histoire de la danse, et contribue à l’écrire, en résonance permanente avec les questionnements de notre époque..
 

 

Autour du spectacle
Bord de scène
Mercredi 6 mars à l'issue de la représentation
 
Pleine lumière sur canine jaunâtre 3
Regardez le reportage
 
ENTRETIEN avec marlene monteiro freitas
 
 
À voir prochainement à la Maison
 
DU 27 au 29 mars
Jan Martens | Voice Noise en savoir +
 
DU 09 au 11 avril
Dominique Bagouet / Catherine Legrand | So Schnell en savoir +
 

Production

En collaboration avec P.OR.K (Joana da Costa Santos, Soraia Gonçalves - Lisbonne, Portugal).

Commande originale de la Batsheva Dance Company, en coproduction avec Julidans et Montpellier Danse, 2018.

L'association culturelle P.OR.K est financée par le gouvernement portugais - ministère de la culture / direction générale des arts.
 

 

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