Programme de salle // Dorothée Munyaneza
 
Dorothée Munyaneza
Toi, moi, Tituba...
Les 17 et 18 oct.
Dans le cadre du Festival Sens Interdits
Hors les murs - Théâtre du Point du Jour
durée : 1h

 
 

 
Distribution

Direction artistique et interprétation Dorothée Munyaneza
Musique originale Khyam Allami, Dorothée Munyaneza
Musique live Khyam Allami
Création costumes Stéphanie Coudert

À partir d’un texte d’Elsa Dorlin
Création & régie lumière Marine Le Vey
Régie son Camille Frachet

 

Production Cie Kadidi, Virginie Dupray, assistée de Nouria Tirou. Coproduction Tanz im August - HAU Hebbel am Ufer Berlin ; Chaillot Théâtre National de la Danse ; Maison de la Danse Lyon – Pôle Européen de création ; DeSingel Anvers ; Pavillon ADC Genève ; Fonds Transfabrik – Fonds franco-allemand pour le spectacle vivant. Accueil studio : CCN - Ballet National de Marseille ; Friche Belle de mai ; Ce,tre d'art Montévidéo Marseille. Soutien / DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur (Compagnie conventionnée) ; Centre d'art Montévidéo - festival Actoral Marseille.
Dorothée Munyaneza est artiste associée à Chaillot - Théâtre national de la Danse, à la Fondation Carmargo, à la Biennale de la danse de Lyon et à la Maison de la danse.
Pour en savoir + sur la compagnie ciekadidi.com
 
Toi, moi, tituba...

Tout part de rencontres, comme toujours, rencontre avec la philosophe Elsa Dorlin, rencontre avec son texte Moi, toi, nous… : Tituba ou l’ontologie de la trace que j’eus la joie de mettre en mouvement en 2021 dans le cadre de l’ADN Dance Living Lab au Théâtre National de Chaillot, et puis des retrouvailles, avec Tituba et la pensée de Maryse Condé. Récit-généalogie paru en 1986, Moi, Tituba sorcière… donnait vie, à partir de quelques lignes découvertes dans les minutes d’un procès pour sorcellerie, à Tituba, femme, noire et sorcière, à une époque où il n’était bon d’être aucun d’eux. Une œuvre-résistance, celle de Maryse Condé, qui n’a eu de cesse de redonner une voix, une chair, une histoire à ce qui a été effacé, tu et meurtri. 
Car tout est là. Comment faire résonner les souffles, les vies et les rêves de ces hommes et ces femmes dont les identités et les existences furent niées et broyées par la traite et le système colonial ?  
À travers les mots ? À travers le corps peut-être, puisque je suis danseuse ? À travers la voix qui habite l’espace, les chants qui parlent à ceux qui sont là et ceux qui sont loin ?  
Comment déplacer mon corps et mon histoire pour rendre audibles, visibles et palpables, des traces de vie éteintes, passées inaperçues, ignorées ou oubliées, comment me relier à ma propre histoire dont ne témoigne nulle trace écrite, à l’exception, peut-être, de quelques « ratures historiques » pour reprendre les mots d’Elsa dans les archives administratives coloniales ? Est-il possible de faire lignage, de relier le temps d’une danse, celles et ceux que l’histoire a oublié.es avec tant d’application avec nos vies, mais aussi avec celles et ceux qui sont à naître ? Je voudrais travailler à partir d’un corps-archive à même de recueillir et honorer les mémoires, une archive vivante, sensible, physique et corporelle pour rassembler des vécus nés de la dispersion même. 
C’est un solo collectif donc, je n’y serai pas seule, un solo pensé comme une traversée, celle d’un espace hybride à la fois africain, américain, européen, caribéen, espace de traces, de rêves et de violences. J’imagine un corps à 360 degrés, visible sous toutes ses perspectives, qui sont toutes à considérer. Un corps qui serait le fragment et l’entier. Un corps qui creuserait un passé fait de souffrances et de douleurs pour mieux célébrer, réparer et commémorer. Un corps debout, tout simplement, une archive incarnée à ma manière pour que l’oubli et l’effacement ne prennent pas le pas.
Dorothée Munyaneza  

 
Dorothée munyaneza
Basée à Marseille, Dorothée Munyaneza développe une œuvre ardente.
Originaire du Rwanda, elle s’installe à l’été 1994, à l’âge de 12 ans, avec sa famille en Angleterre. Elle étudie la musique à la Jonas Foundation (Londres) et les sciences sociales à Canterbury, avant de s’établir en France. En 2006, elle rencontre François Verret, ils collaborent sur Sans Retour, Ice, Cabaret et Do you remember, no I don’t. Elle travaille ensuite avec Alain Buffard, Alain Mahé, Stéphanie Coudert, Ko Murobushi, Rachid Ouramdane, Maud Le Pladec, Jean-François Pauvros, Radouan Mriziga, Maya Mihindou et Ben Lamar Gay. En 2013, elle fonde sa compagnie, Kadidi. Naissent Samedi Détente (création novembre 2014 au Théâtre de Nîmes), Unwanted (création juillet 2017 au festival d’Avignon) et Mailles (création octobre 2020 Charleroi Danse). Avec la musique, le chant, la danse, le texte, Dorothée Munyaneza part du réel pour saisir la mémoire et le corps, porter les voix de celles et ceux qu’on tait, pour faire entendre les silences et voir les cicatrices de l’Histoire. En 2020, Dorothée Munyaneza traduit de l’anglais Hopelessly Devoted de Kae Tempest (auparavant Kate Tempest), paru sous le titre Inconditionnelles chez L’Arche Éditeur, une pièce qu’elle mettra en scène pour les Bouffes du Nord en novembre 2024. Artiste associée au Théâtre la Ville - Paris de 2018 à 2021, Dorothée est aujourd'hui associée au Théâtre National de Chaillot et à la Maison de la Danse à Lyon, et en résidence à la Fondation Camargo de 2022 à 2024.
 
Khyam Allami
Musicien multi-instrumentiste irako-britannique, compositeur, chercheur et fondateur de Nawa Recordings, joueur d'oud avant tout, Khyam Allami concentre sa recherche artistique sur le développement d'une pratique contemporaine et expérimentale fondée sur les principes fondamentaux de la musique arabe, en mettant l'accent sur l'accordage et la microtonalité. Né à Damas, en Syrie, en 1981, de parents irakiens, et élevé à Londres depuis l'âge de 9 ans, Khyam commence son parcours musical en étudiant le violon, puis passe à la guitare, à la basse et à la batterie pendant son adolescence, avant de découvrir l’oud en 2004. Bouleversé par l'invasion et la destruction de l'Irak par les États-Unis et le Royaume-Uni en 2003, il commence un an plus tard, à l'âge de 23 ans, à étudier l’oud, la musique arabe et irakienne avec le maître irakien Ehsan Emam à Londres. Un an plus tard, il s'inscrit à la licence d'ethnomusicologie de la SOAS, l'université de Londres, et obtient son diplôme avec mention en 2008. Il poursuit avec un master, ses recherches le mènent à Istanbul et au Caire auprès de Mehmet Bitmez, Naseer Shamma à Beit al-Oud, Hazem Shaheen et Abdo Dagher.
Son premier album solo Resonance/Dissonance (2011) a été largement salué par la critique et lui a permis de se produire dans toute l'Europe et dans le monde arabe. Il revient peu après à la batterie en rejoignant le projet solo de Tamer Abu Ghazaleh et cofonde le groupe Alif – dont le premier album, Aynama-Rtama (Wherever It Falls), a été largement salué – et a pleinement lancé en 2014 son label indépendant Nawa Recordings. Il a depuis composé des œuvres pour le cinéma, le théâtre et la danse, notamment As I Open My Eyes de Leyla Bouzid (2016), All This Victory d'Ahmad Ghossein (2019) et A Universe not Made for Us (2019), une collaboration avec la danseuse/chorégraphe de flamenco contemporain Yalda Younes. Parmi ses récentes commandes figurent Requiem for the 21st Century, une installation immersive à base de oud pour Opera North (Leeds, Royaume-Uni), et un quatuor à cordes pour JACK quartet (NYC, États-Unis). Il termine actuellement un doctorat en composition au Royal Birmingham Conservatory, Birmingham City University.
 
Autour du spectacle
Bord de scène
Mardi 17 octobre à l'issue de la représentation
 
En coréalisation avec
 
Dans le cadre du